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Interview sur le Miel de Mer
Article de Marie Van Zel
Article de Marie Van Zel, journaliste portugaise lauréate d'un prix Peabody et correspondante pour la chaîne de télévision National Geographic. Traduit de l’anglais.
Comme nous l’apprenait ma confrère Lina Zeldovich dans l’article sur les abeilles des mers, la pollinisation existe bel et bien en mer. Ayant poussé la réflexion un peu plus loin, je me suis demandé si du miel marin était possible. Après plusieurs recherches, je suis tombé sur une jeune scientifique, Emilie Duthoo. Elle travaille en collaboration avec Michel Moulin, apiculteur plongeur. Voici leur interview:
Marie Van Zel : Bonjour Emilie, comment vous est venue l’idée de faire une recherche sur le miel de mer ?
Emilie Duthoo : Bonjour. Après ma thèse de doctorat, j’avais besoin d’un nouveau projet. J’ai pas mal cherché et la solution était devant moi. En effet, je fais de la plongée sous-marine dans le club Nemo de Mons. J’y ai rencontré Michel Moulin qui y est instructeur et qui est également apiculteur. Michel me parlait des problèmes de destruction des abeilles par les pesticides, par les frelons asiatiques. C’est là qu’est venue l’idée car j’avais lu l’article de Lina Zeldovich.
Marie Van Zel : Bonjour Michel, pouvez-vous nous dire en quoi vous avez pu aider Emilie?
Michel Moulin : Bonjour. Tout d’abord j’ai aidé Emilie à continuer à s’améliorer en plongée. La plongée est une activité de loisir passionnante mais pour pouvoir faire des recherches en toute sécurité, il vaut mieux avoir une formation de plongeur solide. Ensuite j’ai expliqué à Emilie toutes les mésaventures que je peux avoir avec mes abeilles. L’année passée, sur 5 essaims, j’en ai perdu 4 à cause de tous ces problèmes. C’est beaucoup.
Marie Van Zel : Emilie, comment avez-vous fait pour faire « plonger » les abeilles ?
Emilie Duthoo: En effet, on n'allait quand même pas fournir un scaphandre à chaque abeille ! Ca aurait été beaucoup trop compliqué. Sans compter les gonflages des bouteilles, la réépreuve de celles-ci,…En fait, la solution est venue une nouvelle fois de la génétique. Les « abeilles des mers » dont parle Lina Zeldovich sont en réalité des vers marins capables de se couvrir de pollen issu de végétaux marins. Ces animaux survivent en milieu aquatique notamment grâce à des protéines spécifiques qui leur permettent d’absorber l’oxygène dissous dans l’eau. Nous avons donc isolé les gènes responsables de cette capacité pour les intégrer dans l’ADN des abeilles.
Marie Van Zel : Michel, avez-vous déjà pu goûter ce miel ?
Michel Moulin : Oui ! C’est surprenant car c’est du miel salé. La récolte est fastidieuse mais les résultats sont prometteurs. Il me faut actuellement une heure pour récolter 10gr de miel de mer.
Marie Van Zel : Michel, il faudra me faire goûter ça !
Michel Moulin : Mieux ! Venez en récolter avec moi !
Marie Van Zel : C’est noté ! Michel et Emilie, quel est l’avenir du miel de mer selon vous ?
Emilie Duthoo : Je compte trouver des fonds pour pouvoir avancer dans les recherches et pouvoir éventuellement l’exploiter industriellement. Tout en respectant la nature bien entendu ! Ecologie et éthique avant tout !
Michel Moulin : Je pense que le miel de mer pourrait nourrir une bonne partie de la planète. Il y a beaucoup plus de surface immergée sur la planète qu’émergée.
Claude, le vétéran de notre club, teste d’ailleurs ce miel depuis quelques temps. Les résultats sont prometteurs. Il garde une forme olympique !
Je pense également à mon avenir personnel et ai demandé à la commission biologie de la Lifras de devenir Instructeur mellifère. Denis Demotte fait partie de cette commission et a introduit le dossier. Il est d’ailleurs l’auteur du cliché illustrant l’article
Marie Van Zel : Merci à tous les deux. On se reverra à la côte d'Opale pour la prochaine récolte !
